Shiatsu en pédopsychiatrie : retour d’expérience de 8 ans de pratique hospitalière
- UFPST
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Dernière mise à jour : il y a 2 jours
Le Dr Marc André Friedrich et Mylène Pierrard Monteils interviendront le 8 novembre à Paris sur la thématique "Shiatsu en pédopsychiatrie : retour d’expérience de 8 ans de pratique hospitalière".
Ce témoignage sera développé plus en détail lors du « Colloque de Shiatsu : le Shiatsu une ressource pour la santé ? » organisé par l'Union Francophone des Professionnels de Shiatsu Thérapeutique (UFPST) et ses partenaires.
Nous avons le plaisir de présenter ce court entretien avec le Dr Marc André Friedrich, médecin à l’hôpital de Verdun, et Mylène Pierrard Monteils, praticienne de shiatsu. Ces professionnels partagent leur retour d'expérience de huit ans d'intégration du shiatsu dans la prise en charge en pédopsychiatrie hospitalière. Leur collaboration a permis d'explorer l'efficacité du toucher thérapeutique comme outil complémentaire pour aider les adolescents à mieux appréhender leurs souffrances et à faciliter l'expression de leurs émotions.
Ce dialogue professionnel apporte un éclairage sur la mise en place et les bénéfices observés de cette discipline dans un cadre de soin exigeant.

Pouvez-vous nous parler de votre parcours et de votre intérêt pour le shiatsu en pédopsychiatrie ?
Docteur Friedrich : Le corps parle des émotions et les adolescents ne sont pas toujours prêts à mettre des mots sur leurs maux. Même si nous sommes amenés à pouvoir mettre des pansements sur ces maux qui passent par des molécules, les médicaments, il m’a paru opportun d'utiliser d'autres outils que cette approche médicamenteuse afin de leur permettre de pouvoir travailler, de pouvoir penser sur leurs pensées. Le Shiatsu était donc une approche qui s’associait parfaitement à ce que nous avons dans cette unité pour permettre aux adolescents à mieux se comprendre, à mieux se connaître et enfin, à mettre du sens sur les souffrances qui les occupent.
Comment avez-vous commencé à collaborer avec une praticienne de shiatsu dans votre pratique hospitalière ?
Docteur Friedrich : Au travers des échanges que nous avons pu avoir avec nos spécialités respectives, à un moment nous avons conceptualisé qu'il y avait des correspondances évidentes et que la collaboration avec la praticienne de Shiatsu avait tout son sens pour apporter de l'aide à la compréhension des difficultés et aux souffrances que peuvent rencontrer les adolescents.
Mylène Pierrard Monteils : Le Dr Friedrich était réputé pour son accompagnement sur mesure des adolescents et pour son intérêt pour l’histoire et les difficultés des familles. De mon côté, je préparais des écrits sur la place intergénérationnelle et transgénérationnelle vis-à-vis des maux des patients rencontrés et constatés dans notre discipline. Je me suis alors rapprochée de lui et lui ai exposé mes recherches et les idées que j’en avais.
Quels sont les principaux bénéfices que vous avez observés chez les patients grâce au shiatsu ?
Docteur Friedrich : Comme je le précisais précédemment, les adolescents ont pu mettre des mots sur leurs souffrances au travers de ce que l'approche du Shiatsu leur a apporté. Dans un second temps, les voyant plus apaisés et plus en lien avec leur souffrance, cela nous a permis de mieux les soigner.
Comment le shiatsu est-il intégré dans le plan de soin global des patients ?
Docteur Friedrich : Au-delà des apports de nos professionnels internes à notre unité : infirmiers, psychologues, psychomotriciens, sans oublier les éducateurs, le professionnel de Shiatsu a trouvé sa place dans la complémentarité des soins que nous sommes à même de pouvoir apporter. En effet, l’objectif des soins que nous apportons est de pouvoir mettre des mots sur les émotions, sur les sentiments, sur les événements afin d'éviter qu'ils se retrouvent enfouis au fond de leur cerveau. Cette discipline qui passe par la connaissance du corps et de ses souffrances a donc tout son intérêt pour participer à ce travail.
Mylène Pierrard Monteils : Les séances sont ordonnées par le médecin en fonction de ses besoins, des besoins du service ou encore des besoins des adolescents dans l’instantané de leur mouvement. Chaque journée est très différente. Si cela peut intéresser, j’ai développé cela dans un précédent article pour l’UFPST.
Pensez-vous que le shiatsu pourrait être davantage utilisé dans d'autres services ou hôpitaux ? Pourquoi ?
Docteur Friedrich : Le Shiatsu est une technique japonaise, avec une médecine de tradition chinoise et elle est encore très peu connue en France. Elle apparaît pourtant comme une technique qui a tout son intérêt pour apporter du bien-être et du “bien-devenir” à ceux qui peuvent en bénéficier.
Mylène Pierrard Monteils : Je rejoins le Docteur Friedrich sur la mise en mots des patients. Nous travaillons le corps et son équilibre, et c’est la parole qui se libère. En dehors de la psychiatrie, à l’hôpital, c’est toujours le corps qui présente les premiers symptômes, alors l’idée de l’accompagner de manière complémentaire pour soutenir des soins, est une bonne idée.
En conclusion, quel message souhaiteriez-vous transmettre aux parents et aux professionnels concernant le shiatsu en pédopsychiatrie ?
Docteur Friedrich : Tant vis-à-vis des enfants que des parents qui prennent sens des difficultés qui les concernent, je leur conseille bien entendu de pouvoir faire appel à ce genre de technique. Cette discipline a toute sa place dans l’expression et l’information de ce que le corps peut donner à exprimer.
Mylène Pierrard Monteils : A l’issue de leur séance ou accompagnement, les enfants souhaitent tous que leurs parents ou leurs accompagnants puissent bénéficier de séances de Shiatsu à leur tour. Ils en ressentent les bénéfices et veulent toujours les partager. Ils font partie d’une unité, que cela soit de celle de leur famille ou celle de leur structure d’accueil, et ne se dissocient jamais d’eux. Et je rejoins également cette notion qu’il n’y pas d’enfants ou de guérisons d’enfants sans parents ou représentants.
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