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Photo du rédacteurIvan Bel

Stress et système digestif

Tous autant que nous sommes, nous avons déjà eu l’occasion de ressentir une émotion et de constater que dans la foulée notre estomac se serre comme un poing au milieu du ventre. Le stress émotionnel est l’une des causes qui affectent le plus notre système digestif et c’est la raison pour laquelle les grands organes de l’abdomen sont souvent à l’ordre du jour dans nos séances de Shiatsu. Essayons de comprendre la raison qui se trouve derrière ces désordres.

[SOMMAIRE]


Introduction

Estomac noué, reflux acide, digestion difficile, diarrhée, constipation, humeur changeante… La liste des affections due à un système digestif perturbé est quasiment sans fin, car de nombreux organes interviennent dans ce processus. Si la nature nous a avant tout dotées de cet incroyable conduit qui va de la bouche à l’anus, c’est pour décomposer la nourriture et assimiler les nutriments. Le problème est que nous ne sommes pas juste un tube digestif sur pattes, mais des êtres complexes. Dans cette complexité on trouve notamment les émotions qui colorent nos journées et jouent avec nos nerfs tout au long de notre vie. Colère, joie, frustration, rumination, tristesse et bien d’autres viennent régulièrement nous visiter. Comme me le disait l’un de mes maîtres de Shiatsu : « les émotions ne s’arrêtent que lorsqu’on est mort ». Elles et nous, sommes donc liés pour la vie !


1 - Un peu de physiologie

Comme nous le savons bien grâce aux études de médecine orientale, nos organes ont plusieurs fonctions : une fonction organique (digérer), une fonction hormonale (tous nos organes digestifs construisent et déconstruisent des hormones), une fonction énergétique (ou plusieurs à la fois) et une fonction psycho-émotionnelle (qui diffère selon l’organe ou le viscère dont on parle). Mais lorsqu’une émotion sort de sa routine pour s’exprimer avec force, elle déclenche toute sorte de réactions. Nous appelons ça du stress émotionnel.

Le stress est une réponse tout à fait normale du corps.


Lorsqu’une situation vous menace comme un chien dans la rue qui s’apprête à vous mordre, votre corps déclenche une réaction rapide en deux temps. Premier temps, les surrénales qui forment un croisement entre le système chimique du corps et le système nerveux libèrent de l’adrénaline, une hormone très puissante qui va booster les muscles dans le but de se battre ou de fuir. D’ailleurs, il est impossible que les seules surrénales puissent faire cela toutes seules, car le corps réagit au quart de seconde face au danger. En fait, les surrénales produisent de l’adrénaline, mais également le système nerveux central[i]. Ainsi, à la première alerte, c’est tout le système nerveux central qui relâche de l’adrénaline et l’on comprend mieux le côté instantané.


Mais l’adrénaline ne dure pas longtemps, 5 à 10 minutes tout au plus. C’est le cortisol, une autre hormone, qui prend le relais et celle-là va durer tant que le cerveau ne comprend pas que la situation est terminée. Comme le cerveau est constamment perturbé par des pensées qui elles-mêmes sont perturbées par les émotions, cela peut prendre des heures, des jours, des mois. Les deux hormones ont pour but de tendre les muscles et d’accélérer les battements du cœur, d’augmenter le taux de glycémie (glycogénolyse dans le foie) et de faire de la vasoconstriction dans le but d’augmenter la tension artérielle. Une fois l’alerte passée, normalement tout retombe et rentre dans la norme homéostatique. Ça, c’est quand ça se passe bien.


Notre environnement est hautement générateur de stress. Le bruit urbain, l’agressivité de notre entourage, la tension professionnelle, le fait de courir après le temps, le nombre important et la diversité des tâches dans une journée, les enjeux financiers, les négociations commerciales, ce ne sont pas les exemples qui manquent. Le stress n’est pas toujours mauvais en soi. C’est l’addition avec des problèmes physiologiques préexistants et des émotions provenant de notre intérieur qui aggrave notre condition. Imaginons que vous ayez déjà à la base un transit plutôt lent. Le stress va avoir de bonnes chances de vous constiper. Si de plus votre alimentation n’est pas saine, cela va ajouter de l’inflammation à votre intestin grêle. Vous avez une tendance colérique. Le stress va vous faire exploser rapidement et vous allez vous mettre à crier, et ainsi de suite. Aujourd’hui la médecine reconnaît que le stress aggrave les symptômes de plus de 80% de nos maladies. Nous ne sommes pas tirés d’affaire tant que nous ne cherchons pas à déprogrammer notre corps/esprit de tout ce qu’il interprète comme étant une agression.


2 - « Je ne m’énerve pas, je m’explique ! »

Lorsqu’on est stressé, notre organisme a donc plus de sucre, plus de pression sanguine et plus de tension musculaire. Cela a des conséquences sur tous nos organes digestifs. Si cela n’arrive qu’une fois de temps en temps, ce n’est pas bien grave, mais si la situation se répète jour après jour, alors le stress devient une perturbation. C’est un peu comme pour les toxines. À la base ce sont souvent des nutriments. Mais leur surnombre et leur arrivée quotidienne (pensons au sel, au sucre ou à la farine blanche) deviennent un problème. Les nutriments encrassent le système digestif et l’enflamment. On les appelle alors des toxines, c’est-à-dire des poisons. Même principe avec le stress et son cortisol.


Mais pourquoi diable les émotions ajoutent-elles une couche au stress ?

Tout simplement parce que la digestion alimentaire et la digestion émotionnelle passent exactement par les mêmes étapes et le même tube digestif. Imaginons deux secondes que vous recevez une information désagréable (ex : on va tous être reconfinés une fois de plus), ou que vous assistiez à une scène pénible (ex : une personne se fait frapper dans la rue sous vos yeux). Tout d'abord, il faut pouvoir avaler cette information est bien souvent on n’accepte pas n’importe quoi, notamment d’avaler des couleuvres. La gorge se serre et l’on peut avoir des patients avec des problèmes de déglutition suite à ce genre de situation.


Ensuite, cela tombe dans l’estomac, qui va se révolter, se tendre, ferme son pylore pour ne plus l’ouvrir à temps. C’est ainsi qu’on se retrouve à ruminer, avec des reflux œsophagiens acides à la clé. Si on est un peu perdu, l’Intestin Grêle n’arrive plus à décider ce qui est bon et ce qui ne l’est pas (fonction de tri). Ne plus savoir quoi faire donne un sentiment d’être perdu qui peut déboucher sur une situation soit de découragement soit de colère. Voilà donc le Foie qui entre en jeu et qui va imaginer, fantasmer même, les situations que l’on voit ou entend. Le Cœur est malmené ne sachant que décider et comment diriger son royaume. Enfin, la Vésicule Biliaire a la moutarde qui monte au nez et tranche dans le vif, pour le meilleur comme pour le pire, car son travail porte sur la défense de son territoire. Enfin, voilà le Gros Intestin qui s’enflamme et ne sait s’il doit lâcher ou retenir son contenu, bref, rien ne va plus. Voilà l’effet des émotions qui créent du désordre dans un sens ou dans un autre. Le stress ne fait qu’ajouter une tension généralisée et une inflammation des tissus à cause du cortisol.


3 - La solution est sous nos mains

Pourtant, l’abdomen possède tous les outils pour inverser la tendance. C’est là que l’Anpuku ou le Chineitsang, ces deux techniques magnifiques pour le traitement du ventre, interviennent pour le plus grand bienfait de la personne. Tout d'abord, il est possible de relâcher la tension de tous les organes, un par un. Ceux qui auront le plus gros impact sont incontestablement les intestins, car ils vont aider à la création de la sérotonine. Elle est produite à 95% dans le ventre contre 5% seulement dans le cerveau. Cette hormone est celle du bien-être et de la relaxation musculaire, cela ne peut qu’aider.

Mais sous les mains vous avez également le fameux nerf vague qui interconnecte de nombreux organes.


Rappelons deux secondes ce qu’est ce 10e nerf crânien.

Il s’agit du nerf avec la surface la plus vaste. C’est un nerf mixte, c’est-à-dire qu’il sert à la fois de conduit aux informations motrices, sensitives, sensorielles (orthosympathique) et végétatives du parasympathique. Il est donc un carrefour essentiel de notre bonne santé par la communication entre les deux grands systèmes nerveux (ortho et para). Pour faire simple, il sort du bulbe cervical, le bas du cerveau qu’on appelle aussi la moelle allongée. Il passe dans la cavité crânienne et sort par le trou jugulaire et suit ensuite les côtés de la carotide le long de la trachée, l’œsophage, passe le cœur et fait quelques petites incursions du côté des poumons. Ensuite il entoure l’estomac et couvre le mésentère, l’intestin grêle et une bonne partie de l’aorte. Ce nerf est impliqué dans de nombreuses fonctions, mais la principale est l’activation et la gestion du système nerveux parasympathique, c’est-à-dire les fonctions autonomes du corps : respiration, transit et digestion, battements cardiaques, sommeil.


Ce qu’il aime particulièrement ce sont les techniques de kenbiki qui le bercent et le font se déconnecter.

Enfin, en dessous des organes on trouve les grandes autoroutes sanguines que sont l’aorte et la veine cave. En massant profondément l’abdomen, on détend ces grandes artères qui sont tendues en raison du cortisol qui provoque de la vasoconstriction. Leur détente aide à faire baisser la pression artérielle et donc l’angoisse qui va souvent avec, baissant ainsi le niveau de stress.


Et si le ventre ne suffit pas, on ajoute le dos. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que bon nombre des écoles de Shiatsu possèdent un kata qui commence par des pressions sur le dos. La raison à cela est purement anatomique. La pression des Huatuojiaji joue sur les ganglions pré-nerveux et la liaison nerveuse qui les relie les uns aux autres tout le long de la colonne vertébrale. La ligne Vessie 1 contacte le nerf spinal là où il se divise en deux et enfin la ligne Vessie 2 intervient plus spécifiquement sur la partie du nerf qui s’occupe des muscles intercostaux qui favorisent donc l’ouverture des côtes, améliorent la respiration et par voie de conséquence baissent le rythme cardiaque. La combinaison dos + ventre est le duo gagnant pour relâcher le stress et ramener le corps dans un état de fonctionnement optimal.


Conclusion

Cela ne fera pas tout, la personne devra prendre en main son mode de vie, son alimentation et apprendre à gérer ses émotions, mais incontestablement son état va s’améliorer d’une telle manière qu’il ou elle prendra conscience de son besoin de changement.


Et nous serons tous d’accord que c’est là l’un des grands buts du Shiatsu.

Bonne pratique.


1 - [i] Pour les détails sur l’adrénaline aussi appelée épinéphrine, lire la page Wikipédia https://fr.wikipedia.org/wiki/Adr%C3%A9naline


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