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Interview avec Ivan Bel au sujet de son intervention à l'Université d'été de shiatsu




Bonjour Ivan, Je crois savoir qu'avant de commencer le shiatsu, tu étais pratiquant d’arts martiaux. C’est comme ça que tu as découvert le shiatsu ?


C’est bien ça. J’ai commencé à 13 ans avec l'aïkido et le karaté shotokan et j’ai toute ma vie continué les arts martiaux. Aujourd’hui ça a changé de forme, je suis davantage dans les arts sino-vietnamiens, mais je pratique toujours, cela fait 37 ans maintenant.

Quand je faisais de l'aïkido, j’étais très intéressé par les caractères japonais, et dans aïkido il y a le kanji « ki ». Je voulais savoir ce que cela voulait dire cette histoire d’énergie. Aucun de mes profs français ou japonais - et j’en ai croisé beaucoup - ne furent capables de répondre, si ce n’est « encore 10 ans de pratique et tu comprendras ».

Donc, j’étais coincé par ça et au bout de 25 ans je me suis dit, “mais enfin on se moque de moi, il faut que je trouve une réponse”. Il y avait encore très peu de choses sur Internet. À ce moment-là de ma vie, je sortais des Langues Orientales avec un diplôme de Chinois et je commençais à travailler dans l’informatique.

Ce fut lors d’un stage intensif d'aïkido que j’ai croisé mon premier enseignant (François Dufour) qui m’a initié à la pause de midi. Je me souviens, j’étais fatigué, je voulais juste faire la sieste, mais une petite voix m’a dit : “allez vas y”. Je ne regrette pas parce que j’ai été mordu méchamment et ce depuis bientôt 23 ans.

Ce qui m’a frappé, c'est qu’on était en plein été au mois d'août, on crevait de chaud et on avait des tenues épaisses d'aïkido. On transpirait beaucoup ce qui nous donnait plein de petits boutons sur nos cuisses. Alors, l’enseignant nous a donné un petit enchaînement de pression à faire et le lendemain, il n’y avait plus rien. On a tous été étonnés de l’efficacité de sa technique.

Voilà comment les arts martiaux m’ont amené au shiatsu.


Et donc c’est à partir de là que commence ta formation en shiatsu ? Tu as étudié plusieurs styles je crois ?


Oui, à partir de là, j’ai créé mon groupe d’étude à Paris avec des amis. On payait une prof pour venir nous apprendre le shiatsu style Masunaga, dans mon salon. Mais le groupe s'est délité assez rapidement et je me suis retrouvé tout seul avec mon envie. Donc la première année fut décevante.

J’ai ensuite trouvé une prof hollandaise formée en Namikoshi, qui avait appris le Shiatsu au Canada, en Colombie Britannique. J’ai dû lui demander six fois en tout avant qu’elle accepte de me prendre comme élève particulier. C’était dur car elle était karateka de haut niveau et me frappait avec les pieds à chaque fois que je me trompais. À ce rythme-là, on fait rarement deux fois la même erreur. En fait elle n’aimait pas le mauvais Shiatsu, c’était une sorte de réaction épidermique chez elle. Je l’ai suivi dans son cabinet pendant 3 ans et de mon côté, je pratiquais avec mes receveurs, essentiellement les amis du monde des arts martiaux. À cette époque je faisais toujours de l’aïkido, mais aussi du jodo, kenjutsu, iaïdo, karate uechiryu et un peu de calligraphie, mais je n’étais pas doué pour ce dernier.

Et puis j’ai déménagé sur Bruxelles parce que mon fils venait de naître et Paris m’est devenu insupportable. Sur les recommandations d’un ami, j’ai pu rentrer chez Kawada à l’école de Yoseido. C’est le second style que j’ai vraiment étudié.

C’est avec lui, au bout de deux ans, que j’ai ressenti pour la première fois l'énergie qui affluait dans mes mains, c’était très émouvant pour moi. Bien sûr, juste après, impossible de retrouver cette sensation et il m’a fallu encore au moins six mois avant d’y arriver de nouveau.

En parallèle, j’ai commencé tout de suite à travailler dans mon cabinet, mais je me suis vraiment senti légitime qu’au bout de huit ans. Pendant plusieurs années, j'ai travaillé comme un employé de bureau du lundi au vendredi, parfois le samedi, à raison de huit heures par jour. Je venais du monde des start-ups informatiques où l’on faisait des journées standard de 10h et parfois 12h, alors 8h me paraissait des vacances.

Grâce à cela, j’ai accumulé une expérience suffisamment forte pour ouvrir ma propre école. J’ai ensuite créé un réseau de qualification, le premier du genre en Belgique, pour les thérapeutes complémentaires et les praticiens de bien-être : le Réseau Biloba. C’était sympa mais ma passion c’est le Shiatsu. Je décide donc de monter une organisation dédiée au Shiatsu thérapeutique, mais on me parle d’une union qui fait la même chose depuis quelques mois seulement en France. Là-dessus, je rencontre Bernard Bouheret et je décide de rejoindre l’UFPST pour éviter d’avoir à réinventer l’eau chaude. En regardant mon CV il m’explique que maintenant il faut reprendre les études, mais cette fois-ci en médecine chinoise.

J’ai suivi les cours de Jean-Marc Weill pendant trois ans. Ce fût très enrichissant, notamment sur le diagnostic. Enfin, je commençais à comprendre ce que je fabriquais instinctivement. Cela m’a donné une structure. Puis j’ai refait un an de formation mais cette fois-ci plus du côté philosophique avec Raphaël Piotto qui est acupuncteur et enseignant en Belgique. Il m’a donné à manger des concepts que je ne comprenais pas sur le moment, mais que je digère toujours depuis près de 10 ans. Heureusement j’ai gardé des notes d’ailleurs, cela m’emmène à une compréhension de plus en plus profonde avec le temps. Ces deux enseignants m’ont fait un cadeau immense qui m’a vraiment fait progresser. Aujourd’hui j’aime passer du temps à étudier, fouiller autant la médecine orientale que son histoire.

J’ai eu par la suite la chance de pouvoir parler très librement avec Bernard Bouheret de ce que devrait être le Shiatsu thérapeutique, notamment au travers de l’UFPST qui était naissante. Comme il est kiné à la base, il peut avoir une vision aussi très mécanique du corps, car pour débloquer une vertèbre c'est encore ce qu’il y a de plus efficace. Personnellement j’aime beaucoup le côté mécanique du Shiatsu. On a aussi la vision Médecine Orientale, qui nous permet de naviguer sur tout autre chose. Sans oublier notre capacité en énergétique, même s’il est bien plus costaud que moi sur ce dernier point.

Entre temps, j’ai suivi de nombreux stages avec plein de personnalités qui m’ont beaucoup apporté comme Wataru Ohashi et son Ohashiatsu, Bill Palmer et son Movement Shiatsu, Bernard Bouheret et un peu son maître Thierry Riessler en Koho Shiatsu et je me suis solidement reformé en Namikoshi avec Shigeru Onoda le directeur technique pour l’Europe. Donc voilà plein d'influences différentes.


Lors de la première Université d’été du Shiatsu, tu nous parleras et enseigneras le Chineitsang. Qu’est-ce exactement le Chineitsang et comment penses-tu nous le transmettre ?



Le Chineitsang est une méthode chinoise taoïste qui consiste à débloquer l’abdomen quand on a mal, qu’il y a des tensions ou autres. Les moines taoïstes se sont vite aperçus que le qi gong, la méditation etc, c’était très bien, mais que si ton ventre est bloqué, tu ne respires pas et si tu ne respires pas bien, tu ne peux pas faire correctement les exercices.

Ils ont donc mis au point ce massage.

Ce n’était pas très connu jusqu'à qu'un Chinois s’installe en Thaïlande : Mantak Chi. Il a alors écrit des livres sur le sujet, puis il l’a adapté en version Thaï, et de ce fait avec de l’huile. C’est ainsi que le Chineitsang (en Chinois “Qi nei zang”) c’est popularisé et c’est pour cela que sur internet on trouve beaucoup de versions à l’huile.

Au premier niveau, je l’enseigne d’ailleurs comme cela, par la suite on enlève l’huile et on pratique sur les habits.

Je me suis aperçu que cela peut apporter beaucoup au Shiatsu, car le massage du ventre en shiatsu qui s’appelle Ampuku est parfois relativement limité lorsqu’on ne l’a pas étudié à fond.

Donc ce que je vais montrer à l’université d’été, c'est, comment transposer cette technique sur quelqu’un habillé, sans huile, comme dans la version d’origine taoïste.

Il y a des techniques faciles, douces que j’enseignerai cet été et d’autres plus compliquées avec le coude par exemple, mais ça, ce sera pour une autre fois. Bien sûr, on fera attention au ventre de chacun, car on sait qu’il est le centre de beaucoup de fonctions fondamentales de l’être humain. On sait aussi maintenant grâce à la science médicale qu’une grosse partie de la santé hormonale, mais aussi psychique d’un individu passe par son ventre. C’est vraiment passionnant.


Merci Ivan pour cette présentation, j’ai hâte d’être à cet été.


À bientôt et au plaisir de t’y retrouver.



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